Les comportements « toxiques » en entreprise

Comment comprendre le harcèlement moral au travail ?

La problématique du harcèlement moral au travail est un sujet complexe à aborder.

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Comment comprendre le harcèlement moral au travail ? La question du harcèlement moral au travail n'est pas que le fruit du pervers narcissique qui représente une personnalité minoritaire, mais plutôt, comment des personnes sans pathologies mentales prédatrices pour les autres peuvent être amenées à utiliser des procédés pervers dans l'organisation ?

La complexité de la problématique du harcèlement moral au travail
J'ouvre la réflexion sur cette problématique non plus sur le simple rapport entre bourreau/victime, mais plus largement, au-delà d'être un conflit opposant 2 personnes. Cette question s'inscrit dans un contexte éminemment collectif qui concerne en réalité l'ensemble des protagonistes du fonctionnement organisationnel de l'entreprise.

Nous verrons le processus plus général de banalisation du mal développer par HannahArendt puis repris par Christophe Dejours pour penser cette question du consentement à légitimer les violences exercées sur autrui dans l'entreprise.

Ainsi, nous comprendrons comment ces valeurs retournées afin de légitimer la violence infusent l'ensemble des strates de la société jusque dans les entreprises où elles peuvent être érigées en modèle de management par la peur pour booster soit dit en la productivité par la casse psychique et physique des individus.

Enfin, nous aborderons le rôle des stratégies défensives collectives individuelles comme complément dans le processus de banalisation du mal par l'anesthésie morale qu'elles provoquent en raison de leur efficacité pour permettre aux acteurs de l'entreprise de tenir le travail face à la peur et la souffrance.

L'ensemble des thématiques :

• Le harcèlement moral au travail c'est quoi ?
• La récurrence des comportements toxiques
• La psychopathologie du harcèlement au travail
• L'agresseur et l'agressé dans le processus du harcèlement moral au travail
• La psychopathologie du harcèlement au travail
• Les facteurs organisationnels qui favorisent l'émergence des comportements toxiques comme le harcèlement moral au travail
• La personnalité perverse en entreprise
• Les manœuvres perverses et la soumission à l'autorité
• La banalité du mal dans la société
• Les stratégies défensives
• L'interprétation de la banalité du mal
• La problématique de la virilité
• Dépasser le statut de victime dans le harcèlement moral au travail un enjeu de reconstruction du vivre ensemble
• Sortir de la banalisation du mal pour prévenir les comportements toxiques en entreprise

Le harcèlement moral au travail

On entend de plus en plus parler du harcèlement moral au travail, mais l'idée communément admise est que ce comportement est imputable à une personnalité perverse, plus particulièrement perverse narcissique. Or, cette attribution hâtive est bien souvent fausse.

Dans cet article, je souhaite déplier la question du harcèlement moral au travail au delà du simple rapport « bourreau/ victime ». A cette fin, j'illustrerai mon propos par une série de vidéos.

Harcèlement moral au travail, un symptôme du fonctionnement organisationnel ?

Mon approche interroge cette thématique sous l'angle d'un symptôme du fonctionnement organisationnel de l'entreprise, qui va permettre son expression voire, l'amplifier. Comprendre le harcèlement moral au travail. Quelles sont donc les conditions qui favorisent sa présence ?

LA LIMITE D'UNE VISION DYADIQUE

La problématique du harcèlement au travail ne peut pas se limiter à une vision dyadique (harceleur/harcelé). En effet, le harceleur ne peut adopter ces comportements néfastes que dans la mesure où les autres le laissent faire.

Sortir de ce couple permet de déplier la complexité de la situation sclérosée, par la remise en question de la construction de la possibilité d'expression de ces comportements dans l'entreprise, de replacer chacun à sa place d'acteur d'une histoire collective qui s'écrit par tous.

SORTIR DE LA VISION DYADIQUE

Ce décentrement invite à replacer les comportements toxiques comme résultant d'un contexte construit socialement avec un certains nombre de valeurs inhérentes à l'entreprise. Ces valeurs préexistantes dans la société infusent les organisations et vont avoir des répercussions sur les individus qui les composent.

Ces organisations produisent à leur tour les individus en même temps que les individus eux-mêmes sont producteurs des normes qui les produisent. Nous sommes conditionnés et producteurs des normes que nous produisons.

Je vois 4 intérêts à ce twist :

1. Sortir du rapport à la victime passive dans une situation, permet de lui redonner un rôle actif dans la situation pour en sortir.
2. Comprendre les mécanismes collectifs à l'œuvre dans l'installation de ces comportements nuisibles pour pouvoir les prévenir.
3. Questionner son propre rapport à cette situation : « en quoi moi aussi je contribue à banaliser et à légitimer des comportements que je réprouve par ailleurs, alors qu'apriori, ils ne me concernent pas, ouf je ne suis pas la cible ».
   Cette interrogation sur sa propre implication est l'une des clés libératrices sur ces actes nuisibles. Ceci, permet de réinterroger collectivement la question fondamentale du vivre ensemble.
   Quelles sont les limites à ne pas franchir pour ne pas détruire la dignité de ses collègues ?
4. Recentrer les préoccupations sur le travail liées à l'écart entre le prescrit et les dilemmes des situations concrètes auxquelles vous êtes confrontés collectivement. En effet, le piège de l'accaparement intrinsèque du conflit occulte les questions du travail.

Banaliser la violence par un renversement des valeurs

Au cours de différentes vidéos pour compléter cet article sur comprendre le harcèlement moral au travail, nous verrons comment l'inversion de certaines valeurs peuvent contribuer à banaliser la violence, détruire l'autre sous couvert de guerre économique, ou encore, instaurer la peur pour stimuler les salariés.

PARTICIPER AU PROCESSUS DE HARCÈLEMENT MORAL AU TRAVAIL

Nous verrons également comment l'on peut participer malgré soi, à la banalisation du mal, en somme considérer comme normaux ces comportements toxiques.

S'interroger soi-même sur son implication dans le processus de banalisation du mal n'est pas chose aisée, mais demeure essentiel pour modifier les conduites nuisibles.

Ne rien dire, ne rien faire, tout en étant spectateur de la scène de violence contribue à légitimer ces pratiques, où l'on se dit :

« ouf, pendant ce temps, je suis tranquille ».

Malheureusement, cela ne vous préservera jamais de l'assaut prochain qui s'abattra peut-être sur vous ?

Participer activement à la mise sous pression des salariés pour réduire les effectifs d'un service contribuer au « sale boulot », ne vous garantit en rien d'échapper à l'honneur de la prochaine charrette Pôle Emploi.

PRENDRE DU RECUL

Je vous invite à une réflexion sur les relations de travail dans votre entreprise. Ce sont des questions qui renvoient au collectif et au vivre ensemble.

Qu'est-ce qui permet l'émergence de ces types de comportements nuisibles dans mon organisation ?

45 agissements caractéristiques du harcèlement moral au travail selon Leymann :

Avec ces 45 agissements, Leymann nous permets de mieux comprendre le harcèlement moral au travail sous un spectre de comportements toxiques en entreprise.

EMPÊCHER LA CIBLE DE S'EXPRIMER

• Le supérieur hiérarchique refuse à la cible la possibilité de s'exprimer.
• Cette dernière est constamment interrompue.
• Les collègues l'empêchent de s'exprimer.
• Ces derniers, hurlent, l'invectivent.
• Critiquer le travail de la cible, sa vie privée
• Terroriser la cible par des appels téléphoniques.
• La menacer verbalement.
• La menacer par écrit.
• Refuser le contact (éviter le contact visuel, gestes de rejet,...).
• Ignorer sa présence. par exemple en s'adressant exclusivement à des tiers

ISOLER LA CIBLE

• Pas lui parler.
• Ne plus se laisser adresser la parole par elle.
• Attribuer un poste de travail qui l'éloigne et l'isole de ses collègues.
• Interdire à ses collègues de lui adresser la parole.
• Nier la présence physique de la cible.

DÉCONSIDÉRER LA CIBLE AUPRÈS DE SES COLLÈGUES

• Médire d'elle ou la calomnier.
• Lancer des rumeurs à son sujet.
• Se gausser d'elle, la ridiculiser.
• Prétendre qu'elle est une malade mentale.
• Tenter de la contraindre à un examen psychiatrique.
• Railler une infirmité.
• Imiter la démarche, la voix, les gestes de la cible pour mieux la ridiculiser.
• Attaquer ses convictions politiques ou ses croyances religieuses.
• Se gausser de sa vie privée
• Se moquer de ses origines, de sa vie privée.
• La contraindre à un travail humiliant.
• Noter le travail de la cible inéquitablement et dans des termes malveillants.
• Mettre en question, contester les décisions de ses cibles.
• L'injurier dans les termes obscènes et dégradants.
• Harceler sexuellement la cible (gestes et propos)

DISCRÉDITER LA CIBLE DANS SON TRAVAIL

• Ne plus lui confier aucune tâche.
• La priver de toute occupation et veiller à ce qu'elle ne puisse en trouver aucune par elle-même.
• La contraindre à des tâches totalement inutiles et/ou absurdes.
• Lui donner sans cesse des tâches nouvelles.
• La charger de tâches très inférieures à ses compétences.
• Lui faire exécuter des travaux humiliants.
• Confier à la cible des tâches exigeants des qualifications très supérieures à ses compétences, de manière à la discréditer.

COMPROMETTRE LA SANTÉ DE LA CIBLE

• Contraindre la cible à des travaux dangereux ou nuisibles à la santé.
• La menacer de violences physiques.
• L'agresser physiquement, mais sans gravité, « à titre d'avertissement ».
• L'agresser physiquement, sans retenue.
• Occasionner volontairement des frais à la cible dans l'intention de lui nuire.
• Occasionner des dégâts au domicile de la cible ou à son poste de travail.
• Agresser sexuellement la cible.

 Interventions 

Consultation souffrance au travail