Le télétravail s'est imposé pendant la période de confinement du à l'épidémie de la Covid-19.
Cette contrainte a accéléré la pratique du télétravail qui n'en était pas. En effet, l'improvisation de la mise en place de ce mode de travail ressemblait plus à du travail à la maison, qu'à une réelle pratique de télétravail. Etre télétravailleur se pense et se co-construit entre l'entreprise et le salarié dans un environnement adapté.
L'étude du mutualiste Malakoff Médéric Humanis concernant cette période révélait plusieurs choses :
En ce qui nous concerne, la pratique « en remote » ou télétravail modifie nos manières d'appréhender notre activité. Ainsi, ce mode d'organisation va induire deux choses. Simultanément, développez les compétences de régulation des activités. Et régulez les interactions sociales.
Le télétravail nécessite de développer les capacités d'auto-organisation, d'adaptabilité et les initiatives, ainsi que de construire une meilleure coopération. La recherche d'un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle nécessite néanmoins une réflexion sur les points suivants :
Le télétravail permet d'avoir une plus grande flexibilité au niveau du travail et sa durée d'exécution. Il est une aubaine pour les entreprises à différents titres :
En réalité ceci est illusoire : le recours au télétravail ne fait qu'accentuer les incohérences que l'on cherchait à occulter. Il convient alors, de communiquer en équipe pluridisciplinaire sur les réalités du travail. Il faut surtout reconstruire le sens et le commun dans le collectif de travail, malgré l'éloignement physique; grâce à des liens solides pour aboutir à un travail efficace.
Autrement dit, le télétravail nous oblige à sortir du déni sur les réalités du travail réel. Il nous confronte aux contradictions présentes dans l'entreprise, qui peuvent générer de la souffrance.
Trouver un équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle va nous demander une interrogation sur les limites de notre travail. Border notre activité est une question à ne pas minimiser en mode « remote ». Une absence de questionnement rendrait difficile l'établissement de limites clairement définies.
Ceci pourrait exposer la personne à des dérives potentiellement néfastes au bon développement d'un équilibre entre ces deux sphères. Il y aurait, dès lors, des risques d'incidences sur sa santé physique et mentale.
Si l'équilibre à trouver émane avant tout, d'une réflexion personnelle; sa mise en œuvre dépend de l'entourage notamment professionnel.
Le télétravail apporte des avantages non négligeables pour permettre de trouver l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, comme :
our autant, le tableau doit être nuancé par des « zones grises ». La pratique du télétravail n'est pas anodine sur les personnes qui l'exercent. Dès lors, les études montrent, malgré les bénéfices constatés, que le télétravail engendre une diminution des relations sociales.
De plus, la pratique du « remote » peut générer des tensions avec l'entourage et la famille, selon l'étude Malakoff Médéric, liées à une incompréhension due à la porosité des espaces entre le travail et le hors-travail. Il y a un flou entre les différentes sphères de la vie.
Alors, il devient nécessaire de marquer les limites physiques dans son espace de travail à son domicile, mais aussi de négocier avec son entourage les différentes plages conciliant les temps de travail donc de non-disponibilité et d'autres temps de disponibilité pour sa famille, ses amis.
D'où l'importance de ne pas négliger les points suivants :
Il existe un droit à la déconnexion l'article L 2242-8,7° du code du travail qui se traduit de la manière suivante.
« LES MODALITÉS DU PLEIN EXERCICE PAR LE SALARIÉ DE SON DROIT À LA DÉCONNEXION ET LA MISE EN PLACE PAR L'ENTREPRISE DE DISPOSITIFS DE RÉGULATION DE L'UTILISATION DES OUTILS NUMÉRIQUES, EN VUE D'ASSURER LE RESPECT DES TEMPS DE REPOS ET DE CONGÉ AINSI QUE DE LA VIE PERSONNELLE ET FAMILIALE.
A DÉFAUT D'ACCORD, L'EMPLOYEUR ÉLABORE UNE CHARTE, APRÈS AVIS DU COMITÉ D'ENTREPRISE OU, À DÉFAUT, DES DÉLÉGUÉS DU PERSONNEL.
CETTE CHARTE DÉFINIT CES MODALITÉS DE L'EXERCICE DU DROIT À LA DÉCONNEXION ET PRÉVOIT EN OUTRE LA MISE EN ŒUVRE, À DESTINATION DES SALARIÉS ET DU PERSONNEL D'ENCADREMENT ET DE DIRECTION, D'ACTIONS DE FORMATION ET DE SENSIBILISATION À UN USAGE RAISONNABLE DES OUTILS NUMÉRIQUES ».
En télétravail, l'on a tendance à travailler d'avantage, les pauses étant moins nombreuses. En conséquence, il peut y avoir une pression liée au sentiment d'être privilégié, de devoir montrer que l'on mérite d'être télétravailleur lorsque que l'on est salarié.
Dès lors, une stratégie conjuratoire peut se mettre en place, liée aux représentations négatives attachées au télétravailleur qui serait oisif car à la maison. De plus, s'exerce une pression sociale qu'il faut conjurer d'où la suractivité.
Ainsi, les gains de productivité associés à la pratique du télétravail, seraient dus à l'intensification du travail qui génère un surmenage. Cette suractivité peut aboutir aux pathologies de la surcharge comme le burn-out ou syndrome d'épuisement professionnel. Dans ces conditions, la possibilité de trouver un équilibre est compromise.
Comme nous avons pu le voir de par sa nature, le travail en remote brouille les limites temporelles et les espaces, ce flou entre le travail et le hors travail nécessite de recréer des repères stables d'un côté.
Ensuite, les technologies des TIC (Technologie de l'Information et de la Communication) favorisent l'addiction au travail de l'autre. Par exemple, il est tentant et « valorisant » de finir un dossier à 23h00 et de rester connecté tard le soir pour lire ses e-mails.
Ces dérives peuvent survenir, si des limites ne sont pas clairement établies avec le collectif de travail et l'encadrement : n'oublions pas le droit à la déconnexion !
Lorsque l'on évoque le télétravail, afin de trouver l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, l'on en vient à aborder l'autonomie et son déploiement dans cette pratique.
L'autonomie en télétravail va engendrer une interrogation sur les inégalités entre les hommes et les femmes, par la charge mentale des salariés en télétravail. A cet égard, cette pratique permet une meilleure conciliation avec la famille.
Néanmoins, cette organisation induit une charge mentale liée aux charges domestiques ( courses, faire à manger, le ménage, s'occuper des enfants surtout en bas âge.)
Dès lors, la question de l'autonomie devrait se poser en termes de contingences et d'interdépendances.
En effet, pour que certains puissent acquérir cette autonomie fantasmée, d'autres vont assurer les tâches domestiques ou mettre en œuvre les conditions sociales pour le déploiement de cette autonomie.
En télétravail, il est important de se définir ou de redéfinir des rituels qui vont permettre de structurer la journée et de fournir des repères temporels entre les différents temps.
Finalement, trouver l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, en situation de télétravail est une question complexe et éminemment personnelle en lien avec : ses inspirations, son style de vie, sa situation familiale.
Alors, l'on pourrait retenir ces quelques principes de base qui offrent une architecture permettant le déploiement de cet équilibre :
Le télétravail n'est pas une organisation du travail qui s'improvise. Il doit faire l'objet d'une pensée élaborée collectivement. En finalité, si cette organisation présente des avantages par certains aspects, le « remote » présente aussi des inconvénients à prendre en compte pour les réduire ou encore les compenser afin de permettre de construire et de tendre vers l'équilibre qui peut être difficile à tenir.
L'équilibre reste toujours fragile et demande des compromis sans compromission.
Retrouvez nos autres articles sur la thématique du télétravail :