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Comment repérer  le burn out ?


Lorsque l'on évoque le burn-out, l'on a tendance à se concentrer sur l’aspect personnel, c'est-à-dire sur  la vie de la personne, sa personnalité pour expliquer la situation. Mais l'on parle d'un syndrome, celui  d'épuisement professionnel. Le burn-out est à entrevoir comme une pluralité de causes qui assemblées les unes  avec les autres aboutissent à un cocktail destructeur, qui vous crame moralement mais aussi physiquement.

Au travers de ce récit, nous verrons la dégradation progressive avec les différents symptômes qui apparaissent. Il faudra être attentif aux discours qui enserrent  et enterrent la réalité de la situation de travail. On parle de déni singulier mais aussi collectif autour des pathologies de la surcharge comme le burn-out. 

 

Les signes dans l'organisation du travail

 Partons du principe  que  pour vous le travail est une source de plaisir  et  représente quelque chose de positif. Vous aimez ce que vous faites depuis des années. Ainsi vous vous  investissez dans votre travail,  pour le faire  du mieux que vous pouvez.  Vous ne rechignez donc pas à la tâche.

 Si l'on observe l'environnement professionnel du travailleur où l'on peut repérer un ensemble d'éléments qui dégradent les conditions de travail et peuvent générer un stress chronique.

 Auparavant, dans votre entreprise, il pouvait y avoir des moments de pics d'activité, où il fallait fournir plus d'efforts. Ces derniers pouvaient  être régulés. Mais depuis ces 5 dernières années, après des départs en retraite, des longues maladies et deux restructurations, suite à un rachat; vous soufflez,  vous vous dites : "je suis encore là". Malgré tout, vous constatez que ces moments  de forte activité deviennent plus fréquents, voire quotidiens. Vous êtes aussi moins nombreux dans le service.

Ces constats n'entament en rien votre  enthousiasme  et votre goût des challenges,  remarqués par vos supérieurs. Ceci vous amène à absorber de nouveaux défis avec des nouvelles responsabilités : en somme  des missions passionnantes.  

Votre fiabilité fait que l'on on peut toujours compter sur vous : « Il n'y a pas de problème, il n'y a que des solutions ».

Ainsi, depuis les 3 dernières années, suite à la deuxième restructuration, la charge de travail  n'a fait qu'augmenter : vous faites le travail  de deux personnes. Vos collègues sont soumis à la même pression, celle-ci semble acceptée et fait partie de la norme. On ne la questionne pas. Après tout dans le service, nous sommes tous motivés, pourtant certains collègues semblent fléchir, être moins enjoués qu'auparavant. Ainsi les erreurs et les absences deviennent plus fréquentes.  Depuis 2 ans : "ça n'arrête pas !"

 Progressivement, vous quittez le travail de plus en plus tard pour finir vos tâches quotidiennes et les imprévus qui s'empilent. Il arrive que la journée se poursuive à la maison jusqu'à 23h00 voire plus  et ce plusieurs fois dans la semaine.

Les discours sur le burn out qui participent au déni collectif

Dans votre tête, Le burn out existe mais vous ne le connaissez pas vraiment. C'est le terme à la mode pour parler de la souffrance au travail. Vous en entendez parler autour de vous, mais rien de bien concret. À vrai dire ça n'arrive qu'aux autres, particulièrement  ceux qui sont fragiles psychologiquement  ou qui ont des problèmes "perso". Il faut savoir  se ménager : "moi je gère".

Lorsque l'on vous parle du burn-out c'est un peu comme une légende urbaine, on vous  rapporte une histoire  lointaine de Pierre  au service commercial, mais bon,  ce Pierre est un peu tire au flanc parait-il.  Et puis, il y a  l'amie de votre voisine qui en aurait fait un, mais en même temps elle divorçait.

 

Avant de poursuivre ce  récit, il faut noter que ces discours interprétatifs  tendent à  réduire les causes du surmenage et du burn out à des failles émanant de la personnalité et du caractère de la personne (sensible, fragile) ou encore  à l'incapacité à s'organiser correctement. Ces récits individualisant masquent en définitive l'interrogation sur les conditions de travail et son environnement pathogène.

 

L’intensification du travail

Au travail, vous accumulez plus de responsabilités, avec moins de temps pour les réaliser. De sorte que le slogan que l'on aime  dire dans l'entreprise c'est : "faire toujours plus avec moins" . En effet, vous le constatez, il y a plus de travail avec moins de personnes, une compression du temps, vous vous auto accélérez pour garder le rythme. Cependant, la rigueur et le professionnalisme exigent de garder le même niveau  de qualité  du travail. Vous vous démenez pour faire tenir l'ensemble afin de garder la même cohérence qu'auparavant. Même si cela devient de plus en plus difficile. Vous ressentez une fatigue physique et émotionnelle.

Toujours dans ce contexte de tension permanente, le travail semble sans fin, entre : réunions, reporting, les procédures de contrôle qui entravent la réalisation du travail, les erreurs à corriger, les clients à satisfaire, sans pouvoir vraiment le faire, d'ailleurs.

Les moments d'échanges sur le travail sur les difficultés du travail sont rares avec les collègues. Pourtant on rigole bien à la machine à café, mais  lorsque que vous évoquez les difficultés que vous rencontrer on vous sourit, on vous dit : "de prendre quelques jours" ou : "de faire un stage pour mieux vous organiser".

Les signaux faibles  

Il y a au premier niveau les signaux faibles. Ainsi, sans y faire attention, car vous êtes solide et pris dans le flot continu du travail, pourtant,  les troubles cognitifs sont présents avec des pertes d'attention, vous ne vous souvenez plus de ce que vous veniez de faire avant de répondre à Claire votre collègue, vous faites des erreurs fréquentes que vous attribuez à la pression quotidienne.

Lors d'une conversation entre amis vous cherchez vos mots, vous cherchez comment dire la voiture. Au travail vous "ramez", vous vous sentez moins efficace, alors, vous redoublez d'efforts pour compenser, vous vous auto-accélérez pour maintenir le cap.  "Après tout ce n'est qu'un petit coup de mou, cela va passer, c'est à cause du  temps, il fait gris, il pleut, on a  froid.  Je vais partir dans peu de temps, ces quelques jours de repos me feront le plus grand bien."

Vous rationalisez vos ressentis et attribuez vos constats à d'autres événements qui pourraient les expliquer, mais toujours en les diminuant, voire en les déniant. A ce moment vous vous racontez des histoires, des histoires parfois partagées collectivement dans une équipe. Vous êtes dans le déni, c'est-à-dire que vous ne voyez pas que cela ne va pas. Même si vos collègues ou amis vous le signalent, rien n'y fait. Les alertes de l'entourage et surtout de votre corps ne sont pas audibles.

Les symptômes visibles

D'autres symptômes viennent se superposer et se cumuler, plus visibles cette fois, comme les troubles du sommeil. Vous vous réveillez en pleine nuit en pensant au travail qui vous attend. Ou encore, vous n'arrivez pas à vous endormir avant 4H00 du  matin, étant préoccupé par la fin de semaine qui s'annonce ardue.

De retour de vos quelques jours de repos bien mérités, vous vous sentez toujours aussi fatigué. D'ailleurs, ce séjour qui devait vous apportez, sérénité et détente, ne s'est pas déroulé comme vous l'imaginiez .En effet, vous étiez particulièrement à vif, sur les nerfs presque tout le week-end avec vos proches. Vos collègues vous faisaient déjà remarquer que vous vous agaciez très vite, pour des détails. D'ailleurs, ces derniers étaient surpris de ce changement de comportement. Depuis 6 mois, rien ne va plus. Mais bon, les collègues mettaient ça sur le compte de la fatigue et puis  novembre est toujours une période critique.

Installé dans la voiture pour aller faire les courses, au moment de tourner la clef, brusquement  vous éclatez en sanglots, pendant 5 minutes, sans raison apparente. De plus, vous ressentez  une tension physique, vos épaules, vos mains sont crispées en  permanence.   

Il est lundi à 10h00 du matin dans l'open space, vous travaillez sur vos dossiers clients urgents et vous éclatez de rire sans aucune raison. Tout le monde vous regarde, vous vous sentez gêné. Deux jours plus tard en pleine réunion avec vos responsables, vous avez une nouvelle crise de larme. Vous quittez alors à la réunion et partez reprendre vos esprits dans les toilettes. À votre retour, vous vous excusez et la réunion reprend comme si de rien n'était, les slides défilent.

 Ces derniers temps vous vous sentez nauséeux, vous avez des troubles digestifs. Il vous arrive de prendre des produits pour essayer de lutter contre la fatigue.

L’intérêt pour le travail qui pourtant vous stimulait, semble difficile à maintenir. Il n'a plus vraiment sens, rien n'est à faire. Vous avez l'impression de vous démener, jour après jour, mais vous êtes submergé, par l'ampleur des tâches, tel Sisyphe et son rocher à faire rouler jusqu'en  haut de la colline pour qu'il retombe inlassablement. 

 À ce stade, vous vous sentez inutile, incompétent, quelqu'un sur qui l'on ne peut plus compter. Vous vous dépréciez, perdez confiance en vous et en vos capacités. Vous ressentez une culpabilité d'être aussi peu à la hauteur, vous qui étiez devenu incontournable dans le fonctionnement de l'organisation du travail.

Je ne poursuivrais pas le récit plus loin, car nous nous arrêtons déjà à un stade avancé compte tenu de l'ensemble des symptômes qui doivent alerter bien avant d'arriver à ce stade précédant la chute.

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